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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

barrage et donnent l’assaut aux chaises réservées ;

— Ma cousine Telcide, crie Arlette, dépêchez-vous d’avancer, on essaie de prendre vos places.

— Tenez ! voici nos parapluies… étendez-les sur nos sièges…

L’ainée des Davernis est si agitée, que pour le saisir, elle arrache presque le parapluie sur lequel s’était appuyée Rosalie. Celle-ci en est tellement surprise qu’elle tombe assise sur les genoux d’un monsieur myope, qui s’écrie :

— Pardon, monsieur le curé, cette chaise est déjà occupée…

Rouge de confusion… Rosalie se relève en bousculant un jeune homme très élégant, en jaquette élancée, en pantalon gris : Jacques de Fleurviïle.

Telcide l’a reconnu. Pour lui manifester son dédain, elle lui tourne le dos et se dirige vers les demoiselles Lerouge. Mais lui s’approche d’Arlette :

— Bonjour, mademoiselle…

— Bonjour, monsieur…, dit-elle, étonnée et ravie qu’il n’ait pas oublié sa promesse. Votre place est là-bas à côté de la mienne… Je vous y rejoins dans une minute… Voulez-vous me rendre un service ?

— Avec plaisir…

— Déposez ces deux pépins sur les chaises numérotées de 32 à 35.

Elle lui tend les parapluies grossiers. Comme il a une hésitation pour les prendre, elle s’esclaffe.

— Ces instruments sont à votre quatuor ? demande-t-il.

— Non, lui répond-elle, c’est au groom de chez Maxim’s, qui les jours de pluie, aide les clients à descendre de voiture…

Il éclate de rire et bravement s’élance vers sa place. Arlette est tout émue qu’il ait retenu son expression : « Votre quatuor ! »

Au ronronnement des conversations, au choc des chaises, se mêlent maintenant les bruits discordants des violons qu’on accorde. C’est une sorte de morceau préliminaire, assez dans la manière de certains musiciens modernes.

Telcide, Rosalie, Jeanne et Marie se décident enfin à