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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

s’asseoir. Cette dernière est d’ailleurs distraite. On lui demande : « Avez-vous pris votre éventail ? » elle répond : « Oui, j’ai dans mon sac la boîte de sucre d’orge. » Dans l’instant que ces dames passent devant lui, Jacques les salue. Mais elles ne daignent pas répondre :

— Vos cousines me font une tête ! confie-t-il quelques secondes plus tard à Arlette. Je n’y comprends goutte !

Entre « goutte » et « gouttière », il n’y a pourtant pas bien loin ?…

Bien entendu, dans le branle-bas, toutes les places ont été modifiées. Il se trouve que ces demoiselles Lerouge sont installées devant Telcide et Rosalie, juste derrière M. le Grand Doyen. Ce voisinage les impressionne tellement que, sans prononcer une parole, elles se mettent à dodeliner de la tête :

— Quels sont donc ces deux magots de porcelaine ? demande Jacques à Arlette.

— Les demoiselles Lerouge qui ont à leur gauche un autre phénomène, Mlle Clémentine Chotard. Observez toutes ces vieilles pendant cinq minutes et vous vous amuserez. Je vais au-devant de M. Hyacinthe…

Telcide se penche alors sur l’épaule de son amie, Mlle Félicité, et lui minaude tout en caressant son collet minuscule :

— Oh ! la coquette, qui a mis sa tenue d’été pour notre petite fête !

— Mais non, riposte Mlle Lerouge, nous avons seulement craint d’avoir trop chaud dans cette salle…

— D’ailleurs, ajoute Caroline en tapotant, d’un geste mignard la dentelle de sa sœur, ces collets sont ceux que nous portions il y a trois ans… Vous voyez, Félicité, je vous l’avais dit. Ils sont aussi bien que neufs…

— Laissez-moi passer… laissez-moi passer… Quelle est cette trombe ? C’est Mlle Clémentine Chotard.

— Mais le spectacle va commencer. Ce n’est plus le moment de circuler, lui crie Telcide.

— Il le faut ! il le faut !

— Dans ce cas, dépêchez-vous…