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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

des bonbons anglais, les meilleurs qu’elle ait trouvés chez son épicier…

On a à peine le temps de se servir qu’un nouveau chanteur se présente :

— Je vais avoir l’honneur de vous chanter la Paimpolaise de Théodore Botrel…

— Bravo ! Bravo !

J’aime surtout la Paimpolaise,
Qui m’attend au pays breton…

— Pauvres Paimpolaises ! dit Arlette, comme je les plains !

— Pourquoi ?

— Elles sont aimées de tous les chanteurs — du moins si l’on en croit ceux-ci ! — et au lieu d’avoir près d’elles leurs amoureux, elles les voient qui courent le monde, criant et hurlant :

J’aime surtout la Paimpolaise,
Qui m’attend au pays breton…

— Ça doit lui faire une belle jambe, à la jeune fille de Paimpol !

— Mesdames et messieurs, notre bon camarade Bignon, le plus talentueux de nos artistes, le plus bel homme de la troupe, le diseur impeccable que vous admirez, va avoir l’honneur de vous réciter : La Grève des Forgerons de « Monsieur » François Coppée… Notre bon camarade Bignon, c’est moi…

— Bravo ! bravo !

Mon histoire, messieurs les juges, sera brève…

On sait que, bien au contraire, cette histoire est très longue. Le cerveau professoral de M. Hyacinthe en Drolite pour rouler de sombres pensées :

— Suis-je assez fou, se dit-il, pour être encore troublée par elle après tant d’années ?… Avec quelle misérable argile ai-je été pétri !… Je l’aime comme au premier jour !… Elle n’a pas changé… Ce n’est pas comme toi, mon vieil Ulysse… Le chagrin t’a vieilli précocement. Tu as engraissé et tu es devenu chauve… Vanitas ! Vanitatis !…

Il ne se doute pas que Marie est encore plus émue