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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

cinq kilomètres d’ici… Nous y passons l’été… Je viendrai te chercher…

Dominant la voix des porcs, Jeanne et Marie réclamaient depuis un moment Arlette à tous les échos. Celle-ci qui était montée dans l’auto pour causer plus aisément, entr’ouvre la portière en riant :

— Ne pleurez plus, filles de Jérusalem, me voici !

Les deux sœurs sont tellement étonnées qu’elles en restent bouche bée. Arlette descend, les prend par la main et les amène à ses amies :

— Je vous présente Mlles Jeanne et Marie Davernis…

— Je vous présente Mme Barthier-Wisques et sa délicieuse fille, Jessy…

Mme Barthier-Wisques accueille les deux demoiselles de la façon la plus aimable. Comme le chauffeur déclare qu’il lui est impossible de rester stationnaire en cet endroit, elle les invite à monter dans la voiture :

— Où allez-vous, mesdemoiselles ?

— Nous rentrons chez nous.

— Permettez que nous vous reconduisions…

Jeanne et Marie seraient bien en peine d’expliquer comment cela s’est produit. Mais elles se trouvent toutes les deux, quelques secondes plus tard, assises au fond de la limousine. C’est la première fois qu’elles montent en automobile !

Le chauffeur met la machine en marche lorsque Jeanne s’écrie :

— Et le commissionnaire ?

Nouvel arrêt ! Ferdinand prend auprès de lui le filet gonflé de provisions.

La voiture démarre…

Telcide et Rosalie, pendant ces événements, sont assises à leur table à ouvrage. Le ronflement d’une automobile est chose si peu fréquente dans l’enclos qu’elles se lèvent pour assister au passage de celle-ci. Quel n’est pas leur ahurissement lorsqu’elles la voient, dans le judas, s’arrêter devant elles. Et qui en descend ? Leur sœur Jeanne.

Comme si son cœur allait cesser de battre, Telcide pose la main sur sa poitrine.

— Seigneur Jésus ! dit Rosalie…