Page:Acremant - Ces Dames aux chapeaux vert, 1922.djvu/152

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
138
CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

— Voyons, voyons, mam’zelle Rosalie, intervient Ernestine, vous ne pouvez pas vous » astenir ». Cette dame a été bien honnête de vous inviter. Vous devez y aller…

— Vous croyez, Ernestine ?

— J’en suis sûre, mam’zelle Rosalie.

— Dans ce cas, je ferai comme Marie, je fermerai les yeux tout le temps et je dirai mon chapelet. Mais ce que mon vieux cœur battra !…

Le lendemain, à deux heures moins le quart, ces demoiselles sont prêtes, habillées comme pour la tombola. Elles sont très peu loquaces. La nuit, en rêve, elles ont entrevu mille accidents possibles.

Arlette, qui est depuis deux jours sans nouvelles de M. Hyacinthe, ne perd pas une occasion de parler du professeur à Marie. Que celle-ci soit préparée petit à petit au grand bonheur qui s’approche !

— Hein ? ma cousine, quelle joie si M. Ulysse pouvait vous voir dans cette somptueuse limousine !

— Taisez-vous, Arlette…

— Car vous savez, ma cousine, rien ne m’ôtera de l’idée que M. Hyacinthe vous aime. À la loterie, il avait une façon de vous regarder !…

À deux heures précises, l’auto arrive.

Ernestine, qui a couru de la cuisine, tout en s’essuyant les mains à son tablier, crie son admiration :

— Ah ! c’qu’elle est jolie, c’te machine ! C’est comme qui dirait un salon. Ça doit coûter des mille et des cents…

Elle propose d’offrir au chauffeur « un petit verre d’eau-de-vie ». Mais Telcide refuse. S’il allait ensuite la précipiter dans un fossé !

Rosalie monte la première. Elle croit s’asseoir comme sur une chaise. Mais la banquette très renversée est profonde. Elle est si effrayée de s’y enfoncer que bêtement elle crie :

— Au secours ! Je me noie…

Jeanne, contente de montrer qu’elle connaît le maniement des strapontins, essaie d’en baisser un. Elle se pince les doigts…

Lorsque Ferdinand a donné son coup de manivelle et qu’on entend le ronronnement des cylindres, ces