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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

les reliquaires, indiquent en lettres d’or l’origine des reliques, se répète tout bas :

— C’est à cause de moi qu’il a rompu ! C’est à cause de moi…

Mais voici que les musiques s’approchent. Un suisse doré, chamarré d’épinglettes, ouvre le cortège. Il a une hallebarde sur l’épaule et une canne au pommeau énorme dans la main droite. Il tend fièrement ses faux mollets en bas blancs.

Pour le mieux voir, Arlette se penche.

Or elle aperçoit devant elle, son chapeau touchant presque les fleurs de sa fenêtre, M. Ulysse Hyacinthe debout sur le trottoir. Lui aussi a été attiré dans l’enclos par celle qu’il aime !…

Tour à tour commencent à défiler les pages, les rois, les anges, les saintes, qui paraissent jouer un de nos vieux mystères avec, comme décor, la cathédrale.

Les groupes se succèdent, celui du saint Jean-Baptiste de six ans, nu dans sa peau de mouton ; celui des marins autour du bateau ; celui de la Passion, avec les divers instruments du supplice, portés sur des coussins de velours grenat.

Des odeurs d’encens se répandent avec des nuages bleus, quand les séminaristes, d’un geste uniforme, jettent au ciel leurs encensoirs d’argent aussi loin que le permettent les chaînes triples.

Des fillettes roses, aux boucles blondes, avec des corbeilles roses, fixées après leur ceinture rose, portent à leurs lèvres des pétales de roses qu’elles lâchent ensuite dans un vol de grâce et de clarté.

Les vieux prêtres en surplis récitent des psaumes. Les abbés clament des cantiques :

Sauvez, sauvez la France,
Au nom du Sacré-Cœur…

Un ensemble de dames chantent des hymnes. Pour que nul n’ignore qu’elle n’a plus qu’une dent, Mlle Félicité Lerouge, au premier rang, ouvre une bouche gigantesque.

Lorsque paraissent ces demoiselles Davernis, Telcide est encastrée dans les brancards capitonnés d’une statue. Au risque de tout culbuter, elle essaie de dis-