Page:Acremant - Ces Dames aux chapeaux vert, 1922.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
150
CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

— Ah ! je suis heureux… J’ai ramené un peu de lumière sur votre visage… Savez-vous que vous m’avez très mal accueilli ?… J’aurais été un fournisseur que vous n’auriez pas été moins aimable… Voyons, voyons, qu’y a-t-il ?… Vous n’osez pas me regarder en face… Il y a quelque chose, n’est-ce pas ?

— Oui, mais laissez-moi…

— Non, non. Il faut que vous m’avouiez les raisons de votre transformation. Je ne partirai pas sans les connaître.

— C’est impossible !

— D’ailleurs je les devine. Je connais assez les vieilles filles pour deviner ce dont elles sont capables. On vous a dit du mal de moi, n’est-ce pas ?

Arlette n’a jamais menti. Dans un soupir elle murmure :

— Oui…

— Que vous a-t-on dit ?

Il s’est approché d’elle. Il attend le renseignement avec anxiété. Elle ne répond pas…

— Mademoiselle Arlette, je vous en supplie, ne me laissez pas dans cette angoisse. Il y a un malentendu. Je vous le jure…

— Oh ! faites attention. J’aperçois la bonne de Mlle Clémentine Chotard… Je rentre…

— Pas avant que vous m’ayez dit…

— Plus tard… peut-être…

— Demain soir, vers six heures et demie, c’est l’heure de la solitude pour l’enclos, je vous attendrai dans le premier angle de la cathédrale, — au dehors bien entendu, — près de l’abside à gauche. Je vous expliquerai comment j’ai rompu, à cause de vous, mes fiançailles…

— À cause de moi ?

— Oui… vous viendrez, n’est-ce pas ?

— Non, certainement non.

— Tant pis ! Je vous attendrai quand même…

La foule maintenant envahit la rue. La procession est au dernier reposoir. Dans quelques minutes, elle sera là. Vivement Ernestine mouche ses bougies.

Arlette, regardant les petites étiquettes qui, dans