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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

d’un sentiment durable. Vous pensiez que mon amour pour Jacques de Fleurville n’était qu’une amusette, dont peut-être en vous-même vous déploriez l’inconséquence. Vous pensiez que j’accepterais un être aussi grotesque qu’Eugène Duthoit. C’est admirable !... Mais, je vous en supplie, ma cousine Marie, ayez pitié de moi... Vous n’imaginez pas à quel point je souffre... Il y a des femmes que le succès rend meilleures, il en est d’autres qu’il rend mauvaises, méprisantes, insensibles... Vous n’ignorez pas d’ailleurs que les parvenus doivent, dans le monde, avoir mille ménagements pour que leur fortune ne soit pas trop humiliante pour autrui. Je vous le dis tout bas pour que personne ne nous entende. Mais, en vous mariant tard, après des circonstances laborieuses, vous êtes un peu une parvenue du bonheur... Ma petite cousine !... Oh ! vous ne faites pas le mal consciemment .. Mais, c’est bizarre ! pour faire le bien, vous avez besoin qu’on vous prenne par la main et qu’on vous conduise...

— C’est vrai, Arlette, conduisez-moi.

— Je vous rappellerai seulement ce que votre confesseur vous a appris. Lorsqu’on commet une faute, il ne suffit pas d’en avoir le regret, il faut la réparer...

— Je suis prête à signaler à M. Hyacinthe que son neveu vous déplaît.

— Ce n’est pas suffisant. Car je le lui ai déjà dit !

— Ah ! C’est sans doute pour cela qu’il n’est plus revenu depuis le dîner des fiançailles.

— Il est indispensable que vous interveniez auprès de votre sœur Telcide...

— Je n’oserai jamais...

— C’est indispensable !... à moins que... vous ne préfériez une autre solution...

— Laquelle ?

— ... qui vous semblera, au premier abord, exorbitante...

— Voyons !

— ...Mais que vous n’avez pas le droit de me refuser.

— Quelle est-elle ?

— C’est que vous alliez vous-même chez Jacques de Fleurville. J’ai calculé les dates. Il doit être rentré