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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

de Paris depuis hier. Chacun son tour ! Jadis j’ai relancé pour vous, jusque dans sa classe, M. Hyacinthe. Relancez M. Jacques pour moi. Vous serez si gentille ! — Mais c’est très difficile. — Vous serez ingénieuse. — Sous quel prétexte ?... — J’ai inventé une tombola. Inventé quelque chose. — Je tremblerai comme une feuille. — Votre voix n’en sera que plus émouvante. — Je ferai cette visite la semaine prochaine. Nous aurons le temps... — Non. La chose est urgente — Dans trois jours alors ? — Non. Plus tôt ! — Demain ? — Tout de suite... Ma faiblesse n’est provoquée que par l’impatience... Dès que vous rentrerez, je serai guérie... — Mais que lui dirai-je ? — Tout ce que vous voudrez... — Est-ce que vous êtes certaine qu’il vous aime ? — J’en suis persuadée... Tour à tour j’ai éprouvé, à son égard les sentiments les plus contradictoires. Il avait promis de m’écrire. Il a commencé, puis il s’est tu. A mes premiers enthousiasmes a succédé le doute navrant... Mais l’espoir rejaillit... C’est sans appréhension que je vous envoie vers lui... Lorsqu’on craint une mauvaise réponse, on prolonge le plus possible l’incertitude qui la précède. Or, j’ai hâte que vous partiez... Je l’aime tant qu’il est impossible qu’il ne m’aime pas ! Il suffit que je ferme les yeux pour qu’aussitôt j’imagine qu’il est près de moi, qu’il me prend la main, qu’il me parle... Pour que j’invente aussi objectivement sa présence, il faut qu’au fluide jaillissant de mon cœur, un autre corresponde, qui s’élève du sien... Les pensées que je lui adresse par delà l’horizon, je sens qu’il les reçoit... — Calmez-vous, Arlette, la fièvre vous reprend. Votre front est brûlant... — Partez, ma cousine Marie... J’essaierai de som¬