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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

CHAPITRE IX

— Ma chère enfant, je suis extrêmement heureuse. Laissez-moi vous embrasser. M. de Fleurville vient de me demander votre main pour son fils... Telcide tend les bras à Arlette, qui s’y jette, sans rancune.

— C’est bien. Je constate que vous n’avez aucune acrimonie contre moi. J’aurais été désolée que vous en eussiez. Car, je m’empresse de vous le dire, nulle plus que moi ne se réjouit de votre bonheur. Si j’avais cru que M. de Fleurville fût capable de vous épouser, je ne vous aurais jamais proposé M. Eugène Duthoit...

— Je vous remercie, ma cousine...

— Seulement, n’est-ce pas ? j’avais une très grave responsabilité, celle de votre avenir. Quand on est jeune, comme vous, on ne voit pas la réalité de la vie, on a des rêves, qui volent très haut. Je vous en parle en connaissance de cause. J’ai été comme vous jadis. Hélas ! Je n’ai pas été assez heureuse pour que mon désir se réalisât comme le vôtre. Aujourd’hui je serais reconnaissante envers ma mère si, avec un esprit plus pratique que le mien, elle avait abaissé mes yeux sur un but plus accessible. Lorsque j’ai parlé de vous imposer mon autorité, je n’ai voulu faire autre chose que ce que ma mère aurait dû faire pour moi... J’espère que vous saisissez ?

— Oui, ma cousine...

Les circonstances sont trop rares où Telcide est émue pour qu’Arlette n’en profite pas. Très gentiment, car au fond elle comprend le sentiment de la pauvre vieille fille, elle lui dit :

— Ma cousine, excusez-moi. Je vais peut-être com¬