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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

J’ai le secret espoir que ma vilaine robe noire sera cause de mon bonheur.

Qui sait le mystère des destinées ?

Un jeune homme est très capable d’être pris de pitié en me voyant si mal habillée et de se dire : « Oh ! comme elle doit souffrir, cette pauvre petite ! Dépêchons-nous de l’épouser pour lui offrir des toilettes dignes de sa grâce et de sa beauté. »


10 octobre.

Ma mère et moi venons d’avoir une explication terrible. Il paraît que cet hiver nous ne ferons pas de visites :

— Dans ma famille, m’a dit maman, on ne reçoit pas. On ne va donc pas chez les autres…

Dans votre famille !… dans votre famille !… Je ne sais plus ce que j’ai répondu… Mais maman m’a ordonné de monter dans ma chambre et de n’en sortir que pour lui faire des excuses.

Je n’en sortirai jamais… jamais !


11 octobre.

J’ai demandé pardon à maman, qui m’a dit :

— Vous avez mauvaise tête, mais bon cœur.


15 octobre.

Je suis allée cet après-midi voir ces demoiselles Lerouge. Je les ai soigneusement examinées. Elles m’ont raconté leurs occupations quotidiennes :

— Saint Joseph, je vous en prie, faites que je ne reste pas vieille fille…


16 octobre.

Si je me marie avant Pâques, j’offrirai à saint Antoine de Padoue un cierge aussi grand que le sera mon époux…

J’ai juré devant sainte Catherine, si je suis fiancée avant six mois, de mettre un ex-voto dans la cathédrale, sur le côté droit du maître-autel, au-dessus de l’Amiral Quinard sorti sain et sauf d’un naufrage, bien que ne sachant pas nager.

Saint Joseph, saint Antoine de Padoue, sainte Catherine, je vous mets en ligne. Piquez-vous d’émulation. Il y va de votre honneur.


28 octobre.

Il n’y a que trois mois que j’ai quitté le couvent. Et je désespère déjà de me marier.

Pourquoi ?