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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS


2 juin.

Ulysse Hyacinthe… Ulysse Hyacinthe… Ulysse Hyacinthe… Ulysse Hyacinthe…

J’aime écrire son nom. Je l’écris en ronde, en gothique… en bâtarde.

Ulysse Hyacinthe… Ulysse Hyacinthe… Ulysse Hyacinthe… C’est un joli nom !

Ulysse Hyacinthe… Ulysse…

Je me le répète à voix basse en fermant les yeux… Ulysse…


4 juin.

Cet après-midi, chez les demoiselles Lerouge, j’ai rencontré Mme Hyacinthe.

Malheureusement elle s’en allait juste au moment de mon arrivée. Je l’ai d’autant plus regretté qu’elle achevait de parler de son fils. Elle disait :

— Ulysse est ma consolation. Nous nous portons l’un à l’autre une affection suprême. Il a toute confiance en moi depuis…

— Depuis ?

— Depuis sa petite scarlatine. Il ne consentait à boire ses potions que si je les lui présentais moi-même…

— Ah ! M. Hyacinthe a eu la scarlatine ? s’inquiétait Mlle Caroline.

— Oui… à l’âge de sept ans…

Je me sens pleine de respectueuse tendresse pour Mme Hyacinthe. C’est dommage que, par un tic, ses yeux, à certains moments clignent si vite que ses cils se mettent à ressembler à des mouches en plein vol. Mais je m’y habituerai.

Quand je lui ai tenu la porte ouverte, elle m’a dit : — Vous êtes bien honnête, mademoiselle…

J’ai rougi… Il me semble que je rougis souvent depuis quelque temps.


15 juin.

L’habitude en est prise. Je continue à assister à la messe de sept heures. Je ne suis plus enrhumée. J’aurais eu beaucoup de chagrin si je n’avais plus rencontré M. Hyacinthe…


1er  juillet.

Un orage m’a surprise à la sortie de la messe et je n’avais pas de parapluie.

J’étais sous le porche de l’église. L’eau cascadait de tous