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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

dans une grimace douloureuse. Elles baissent les yeux et leurs pas frôlent à peine la carpette. Avec une commisération profonde, elles s’arrêtent devant le lit, en silence. Quel n’est pas leur étonnement d’entendre Telcide leur dire :

— Votre visite me fait un très grand plaisir…

Elles sont comme vexées que leur amie ne soit pas plus malade. Pour un peu elles le lui reprocheraient, tel un manque de tact…

Arlette et Marie accompagnent à la porte M. le Grand Doyen, qui a profité de l’occasion pour se retirer.

Arlette est radieuse. Elle n’aurait jamais osé espérer que son projet se réaliserait si vite :

— Vous paraissez contente, mon enfant, lui dit Marie en revenant vers la chambre de Telcide.

— Mon enfant ! mon enfant ! s’écrie Arlette, vous me chagrinez beaucoup en m’appelant ainsi, ma cousine Marie. Il ne faut pas vous vieillir à plaisir. Vous n’en avez pas le droit. Vous pourriez plutôt être ma sœur que ma mère. Que diable ! vous êtes jeune. Ne l’oubliez pas… Vous vous marierez… Il y a peut-être un homme qui vous aime… Vous l’épouserez… Vous serez heureuse…

— Moi ?… Moi ?…

La pauvre fille effarée s’enfuit en comprimant, de ses mains croisées, les mouvements soudain désordonnés de son cœur.