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L’ARBRE DEVENU VIEUX




paysage philosophique




PAR M. JULES DE GÈRES


(Taedet animam meam vitæ meæ.)
JOB


I


C’était un beau hêtre. — Il voûtait
Sa cime dans les bleus fluides,
Et, tel qu’un chêne saint, datait
De l’ère auguste des Druides.

Des sublimes illusions,
Jacob, Joseph, élus étranges,
Auraient peuplé de visions
Cet arbre aux échelles sans anges.

De ses grands bras croisant le ciel,
D’enchevêtrements fantastiques,
Martinus, ce fils d’Ézéchiel,
Eût fait des batailles mystiques !

Sur la Seine, près de Marly,
Planait son envergure énorme,
Le Temps l’avait nommé : Sully,
Prenant un hêtre pour un orme.