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 » M’intime à perpétuité
» Dans un cercle égal, identique.

» Quand viendrez-vous me relever,
» Créateur des forêts vibrantes ?
» Quand pourrai-je me retrouver
» Libre, — au sein des sèves errantes ?

» Sous mes rameaux, depuis mille ans,
» Mutilés par d’âpres corvées,
» Les éperviers et les milans
» Ont dévoré tant de couvées !

» Tant de bourgeons, flétris au froid
» Dont rougissent mes tendres pousses,
» Ont engraissé l’humus qui croît
» Sous leurs monceaux fourrés de mousses !

» Je résiste seul ; — et pourquoi ?
» Impitoyable Fantaisie !
» Dur caprice du maître ! — Loi
» Qui m’épuise… et me rassasie !

» J’endure par ta volonté,
» Dispensateur inexorable,
» L’énervante uniformité
» Des maux le plus intolérable !

» Encor si le calme, — ce bien
» Aidant à porter l’esclavage, —
» Apaisait mes douleurs… mais rien
» Ne fléchit ce concert sauvage !

» En juillet, pendant les ardeurs
» D’une cuisante canicule,
» Par leurs agaçantes strideurs,
» De l’aube jusqu’au crépuscule,