Page:Actes de l'Académie impériale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux - 3e série, 24e année - 1862.djvu/75

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» Les aigres cigales, sans fin,
» Crécelles criardes, aiguës,
» Assourdissent l’étroit ravin
» Où montent les grandes ciguës ;

» Après leur sabbat, le grillon,
» Froissant deux élytres bruyantes,
» Entonne un perçant carillon
» De strettes sèches et fuyantes !

» Dès qu’ayant tiré le verrou
» L’humble ménagère tisonne,
» Des bruns nocturnes, du hibou,
» La note comme un glas résonne !

» Les verts reptiles entassés,
» Troupes rivales, tapageuses,
» Coassent à fleur des fossés
» Pleins de flaques marécageuses ;

» Puis le coq vaniteux, dispos,
» S’égosille avec violence ;
» Jamais un soupir de repos,
» Jamais un éclair de silence !

» Que faire ? — Observer ? Regarder ? —
» Mais, — renaissante parodie ! —
» Ce théâtre usé va garder
» Sa vieille et fade comédie !

» Résigné, j’écoute, je vois.
» Le long spectacle auquel j’assiste
» Est, recommençant chaque fois,
» Semblable depuis que j’existe !

» Que dis-je ? Autrefois, fleurs au front,
» La jeunesse, gaîtés champêtres,