Page:Actes de l'Académie impériale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux - 3e série, 24e année - 1862.djvu/79

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» Déracinez le froid vieillard
» Avant ces nuits noires de pluie,
» Où, dénudé par le brouillard,
» Son squelette pleure et s’ennuie !

» Septentrion, qui dois mugir,
» Que ta colère me délivre !
» Penser, et ne pouvoir agir,
» Équité divine, est-ce vivre ?

» Créé pour cette immensité
» Sur moi sans voiles suspendue
» Je veux ma part de liberté
» Dans l’universelle étendue !

» Mes droits sont anciens ; j’ai tant vu
» Tomber de mes frères ! — La Seine
» Vers Honfleur, de bois dépourvu,
» De leur vie a porté la scène.

» Ils sont partis !… Je suis resté,
» Sommet néfaste, monotone,
» Maudissant cette immunité
» Qui m’épargne encor lorsqu’il tonne !

» Quand de l’Occident essoufflé,
» Dans son ronflant buccin de cuivre,
» La fureur s’acharne, — ébranlé
» J’étire mes bras pour le suivre…

» Je voudrais devancer le vol
» Du vent chassé des antipodes,
» Et ne sais bouger de ce sol
» Où végètent ces lycopodes !

» Je voudrais, étreignant les flancs
» Du véloce ouragan qui passe,