Page:Actes de l'Académie impériale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux - 3e série, 24e année - 1862.djvu/80

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» Sillonner de tisons sifflants
» L’atmosphère embrasant l’espace !

» Ou, tel que la vapeur qui fond
» Dans l’étendue avide et claire,
» Plonger sous l’horizon profond
» D’où vient le rayon qui m’éclaire,

» Aller droit vers l’orbe inconnu,
» Et, d’une aile persévérante,
» Fendre l’air libre et continu
» Avec l’hirondelle émigrante.

» Non, inébranlable, plié
» Sous le poids augmentant des âges,
» Je vois, à ma glèbe lié,
» Ces sempiternels paysages !

» Mes longues racines, ces fers
» M’enchaînant, forçat de naissance,
» Jusqu’à la voûte des enfers
» Rivent ma captive croissance !

» Au moins, plus heureuse que moi,
» Livrée à la brise frivole,
» Dans un facile et simple émoi
» Ma feuille distraite s’envole !

» La vague, à mes pieds s’emparant
» De sa dépouille riveraine,
» Jusqu’à la mer, l’y préparant,
» La berce, l’amuse, — et l’entraîne !

» Par son frais cristal aimanté,
» Le saule, flexible d’allure,
» Trempe dans le bain convoité
» Sa miroitante chevelure !