VI
L’an d’après j’étais revenu
(On revient souvent quand on aime,)
Le long du rivage connu
Feuilleter l’éternel poème !
Un souffle moirait les blés mûrs,
Midi brûlait ; l’ombre solaire,
Étroite et bleue au nord des murs,
Les ourlait d’une frange claire.
Dix grands mois étaient révolus,
Un siècle ! — Je cherchai le hêtre :
Ce splendide ami n’était plus.
Ainsi des martyres de l’être,
La mort les abrège toujours.
Insensé vraiment qui l’invite
À se hâter à son secours ;
N’y vient-elle pas assez vite ?
L’envieux s’était embarqué :
Un ingénieur en tournée
L’avait trouvé beau, puis marqua
Pour une haute destinée.
Qu’était devenu ce penseur ?
Quille ? Mât ? Ponton d’abordage ?
Garde-Côte ? Auvent défenseur ?
Plancher ? Vulgaire échafaudage ?
Était-il plus heureux ? — Qui sait ?
Les avenirs pleins de merveilles,
Que son vif désir traversait,
Valaient-ils ses austères veilles ?
Dans les parcours éoliens,
L’âme, du cadavre allégée,