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Page:Actes du Congrès international de philosophie scientifique - I. Philosophie scientifique et Empirisme logique, 1935.djvu/37

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PHILOSOPHIE SCIENTIFIQUE ET EMPIRISME LOGIQUE I. 33

le concept du nombre, avant tout, est révélé comme une construction logique qui ne fait qu’embrasser, dans une forme abrégée, des opérations tautologiques, analytiques. Pour démontrer cela, l’empirisme s’est uni à la logistique, et cet empirisme logistique est la forme contemporaine de ce courant historique de philosophie, issu de la critique des sciences. La division ancienne entre empiristes et rationalistes était, en même temps, une division entre empiristes et logiciens, car les anciens logiciens ne trouvaient que dans le rationalisme une expression conforme à l’état de leur savoir. Avec la critique logique des sciences, cependant, cette position a changé ; les logiciens des sciences ont découvert que l’a priori synthétique n’existe pas et ont pris parti pour l’empirisme. C’est cette union entre l’empirisme et la logistique qui constitue la base de ce mouvement philosophique qui nous réunit à ce Congrès et que nous appelons empirisme logistique.

Mais je ne veux pas dire qu’avec les résultats, que nous avons décrits, de ce nouvel empirisme, son programme soit déjà terminé. L’élimination de l’a priori synthétique a fait de grands progrès ; mais elle n’est pas achevée tant que n’est pas résolu un problème qui a résisté, plus que les autres, aux attaques des logiciens : c’est le problème de l’induction. Il est vrai que l’a priori synthétique est éliminé dans la géométrie, dans l’arithmétique, dans la causalité, et d’autres principes fondamentaux ; mais le principe de l’induction n’est pas atteint par ces résultats.

L’idée de Bacon que le progrès de la science ne se fait pas par des transformations tautologiques persiste en toute sa rigueur ; et si on a montré que les opérations mathématiques ne contiennent que des relations analytiques, il faut chercher une autre place pour les considérations non-tautologiques au moyen desquelles avance la science. Il est bien clair que c’est le principe de l’induction qui inspire ces considérations ; mais contre ce principe s’élèvent encore de nos jours les objections de Hume qui ont montré qu’il n’y a aucune démonstration pour la valabilité de l’induction, ni a priori, ni a posteriori. C’est donc le principe de l’induction qui s’oppose à un empirisme conséquent, et la désagrégation continue de l’a priori semble être entravée par le problème même qui a inauguré, à l’avènement de l’ère nouvelle, le développement épistémologique marqué par le concept de l’a priori.

On a essayé d’éviter cette difficulté en déclarant qu’il s’agit ici d’un pseudo-problème ; et c’était même peut-être l’opinion de Hume lui-même, s’il est permis d’inférer cela de son attitude optimiste à l’égard des difficultés du principe découvert par lui. Mais je ne crois pas qu’on ait le droit de se tirer d’affaire ainsi. Il y a, c’est vrai, beau-