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Page:Actes du Congrès international de philosophie scientifique - I. Philosophie scientifique et Empirisme logique, 1935.djvu/38

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I. 34 PHILOSOPHIE SCIENTIFIQUE ET EMPIRISME LOGIQUE

coup de pseudo-problèmes dans la philosophie traditionnelle, et c’est un grand mérite de la méthode logistique d’en avoir éliminé un grand nombre. Mais le problème de l’induction n’est pas de ce genre. Car c’est un fait que la science fait usage de ce principe, que chacun de nous l’applique dans toutes ses actions, les plus importantes aussi bien que les plus insignifiantes ; et ce serait renoncer à l’entendement du savoir humain que de nier l’existence du problème de la justification de l’induction. Ce problème persiste dans toute sa rigueur, aussi bien pour l’empirisme logistique que pour l’empirisme de Bacon et de Hume.

Voici les raisons qui expliquent les efforts nombreux, de la part de notre groupe philosophique, pour trouver une solution du problème de l’induction. Notre Congrès vous en donnera des exemples, car nous avons prévu de consacrer une grande partie de nos discussions à ce problème. Je ne veux pas anticiper sur ces discussions ; j’aurai le temps de développer devant vous la théorie que j’ai élaborée au sujet de ce problème et qui, il me semble, donne une solution satisfaisante à toutes les exigences d’une solution scientifique. Je veux parler ici seulement des conséquences de cette solution pour le concept de l’a priori.

L’antinomie entre la nécessité d’une transformation non-tautologique et le rejet d’un a priori synthétique se résout par un changement profond de la conception des propositions scientifiques : la science n’a plus la tâche, selon cette conception nouvelle, de trouver des propositions vraies, mais seulement de chercher les propositions les plus favorables pour la prédiction de l’avenir. On peut montrer qu’avec cette conception, le principe de l’induction se réduit, lui aussi, à une tautologie.

L’image du savoir humain, tracée par l’empirisme logistique, est bien différente des conceptions antérieures. L’idée rationaliste d’une raison législative a échoué ; il n’y a que des transformations analytiques dans la science. La source de notre savoir du monde est l’expérience seule — le principe de l’empirisme est ainsi établi dans toute sa rigueur. Mais au delà de l’observation, il se pose le problème de construire un système de prédictions relatives à l’avenir ; et c’est le but de la science que de donner à ce système la forme la plus favorable. Ce but se réalise à l’aide de transformations purement tautologiques, et tout le travail des hommes de science ne signifie pas autre chose qu’une application constante de ce principe. Mais le pouvoir de la « ratio » n’est pas pour cela diminué ; et si les rationalistes n’avaient d’autre but qu’une glorification du pouvoir de l’esprit humain, ils