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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/122

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— En vérité Bythométrès a exposé le meilleur avis,… soutint Eutychès.

Et il amassait, autour de ses longues jambes, sa simarre pour les protéger contre le vent coulis. Staurakios approuva. D’ailleurs il claquait de la langue, impatient de ne pas être compris par Irène, ni par son ironie cruelle.

— Ah, les chapons qui dénigrent le chant du coq triomphal. Bacchus rirait de vous entendre, s’il n’était un dieu mort. Ô mes eunuques ! Et comment avez-vous découvert cette merveille, ô mes sophistes.

— Mais…, riposta Staurakios… ; ta sublime intelligence n’a-t-elle point deviné que le vainqueur des Infidèles jouira d’un prestige indéfectible sur les légions. N’a-t-elle pas deviné que ce mortel serait aussitôt appelé par les Iconoclastes à la tutelle du prince ; n’a-t-elle pas deviné qu’il viendrait sans doute ici, prendre possession de cette tutelle avec le pas cadencé de cent mille héros pillards. Alors tu n’auras qu’à tendre la tête aux ciseaux des nonnes, et à t’enfermer dans le cloître. À moins qu’un fer rouge ne crève tes yeux athéniens, pour te mettre hors d’état de régner sur l’avenir.

— Et notre vœu de rétablir les Images serait impossible, comme celui de gouverner le monde avec la sagesse de l’Aréopagite, avec celle de Plotin, avec la force des Éons.

— L’empire serait offert encore à la bestialité des soldats.