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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/129

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

comme agent, comme spectateur, comme espion. Ce fut lui qui saisit de nouvelles lettres adressées par Théophylacte Rhangabé, drongaire des Douze-Îles, et plusieurs officiers iconoclastes, au César, frère de Léon, avant qu’elles parvinssent en Chersonèse.

Sur l’avis de Jean, l’impératrice rappela Nicéphore avec de tels termes qu’il crut sa grâce accordée en l’honneur du joyeux avènement. Il accourut par une pluie mêlée de neige. Mais, dès la première heure de son arrivée, il fallut qu’il se justifiât. On instruisit le procès. Y furent impliqués des sénateurs même.

En d’aussi graves conjonctures, Irène n’hésita point. Les eunuques décidèrent qu’il importait de punir terriblement pour marquer que sa main de femme châtiait de façon virile. Grégoire logothète du Drome, Bardas Stratège des Arméniaques, Constantin domestique des Excubiteurs, Théophylacte Rhangabé drongaire des Douze-Îles, fauteurs du complot, reçurent, sans égard au rang, le fouet. Ils furent tondus puis relégués aux frontières. Les plus illustres de leurs complices durent subir l’internement dans des îles différentes où nul rapport ne leur demeurerait possible.

Quant aux cinq oncles de l’empereur, césars et nobilissimes, Irène leur enjoignit de comparaître en sa présence devant le patriarche Paul. Ils l’y saluèrent superbe et courroucée, revêtue de ses insignes d’Augusta, ayant le diadème surmonté de la croix grecque, et cette sorte de chasuble courte devant, longue derrière qui se retroussait sur la main gauche comme