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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/150

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

deries précieusement métalliques enchâssant les pierreries, Irène et Constantin trônèrent. Près d’eux, l’eunuque à tête de vieille appuyait son menton grommeleur contre ses mains tachées et unies au milieu de la canne d’azur. Bythométrès siégeait, fier de tenir enfin l’Orient courbé sous son esprit. Avec sa mine jaune et finement ridée, Staurakios se faisait noble, sévère. Pharès murmurait des oraisons, des actions de grâce en baissant les yeux. Irène dirigeait l’expression bienveillante de sa face vers les évêques resplendissant comme des joyaux par les cornes de leurs mitres, et les dalmatiques orfévrées. Ils étaient déjà résolus, à voter la restauration du culte ancien. Par apparat officiel ils échangeaient quelques propos de la discussion convenue qui précéderait l’accord unanime, lorsque d’effroyables bruits et des clameurs de meurtre grandirent au dehors.

Inquiètes, les têtes se tournèrent vers les portes ouvrant sur la colonnade du narthex. Un groupe se précipitait dans la foule des citoyens et des clercs. Hagard et chauve, les mains en l’air, un moine ventru cria que des séditieux en armes manifestaient pour le maintien du dogme établi par le conciliabule du Copronyme trente-trois années auparavant.

Bientôt on signale les gardes du Palais qui accourent, l’épée nue. Des cris lugubres, des hurlements de guerre épouvantent les Pères de l’Église. Irène pâlit et impose en vain l’autorité de son geste consacré. Un instant refermées, les portes cèdent. Couverts de