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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/160

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

quérir ces vierges, et d’autres, en ordonnant que l’on vérifiât si leurs corps étaient à la mesure esthétique des statues.

« Les fourriers arrivèrent, dit le chroniqueur, dans un pays appelé Amnia, dépendant de la capitale Gangra, et où l’homme miséricordieux habitait. Ils virent de loin la maison de Philarète, peinte en bleu, couverte d’un large toit fleuri. Pensant que c’était la demeure d’un parmi les premiers de l’État, ils ordonnèrent la halte à leurs serviteurs.

« Et les gens du pays leur dirent :

— Seigneurs, n’allez pas vers la maison que voici. Car si du dehors elle paraît grande et belle, il ne s’y trouve rien au dedans. C’est un vieillard misérable qui loge là.

« Bythométrès étant survenu dans sa litière avec le gros de l’escorte, imagina que ces gens parlaient ainsi pour obéir au maître de cette maison, riche, sans doute, puissant, et qui voulait se soustraire aux obligations de l’accueil.

« Vraiment hospitalier et pieux, Philarète prit son bâton et marcha à la rencontre de l’eunuque. Il le serra dans ses bras, disant :

— Dieu a très bien fait de conduire mes seigneurs vers le gîte de leur esclave. C’est un grand honneur pour moi que vous ayez jugé à propos de vous arrêter en la cabane d’un pauvre.

« Or il prescrivit à son épouse droite, fière dans ses voiles bruns et orangés :