abattu les arcs de triomphe, et ramassé en tas les pétales de roses semés deux jours avant sous les pas du cortège ; quand les tavernes, sur le port, se furent vidées de leurs derniers ivrognes ahuris ; quand la foule des pécheresses vint s’accuser dans les églises en se prosternant sous la galerie de l’ambon devant l’iconostase dépeuplée de ses images ; quand les palefreniers de l’Hippodrome recommencèrent à promener par la ville les chevaux parés pour la vente, et les moines à vanter les médecines élaborées dans les couvents célèbres par leurs miracles, puis à les troquer, au coin des rues, contre des légumes frais, des œufs, des volailles grasses ; quand les chameaux persans chargés de marchandises s’agenouillèrent à nouveau devant les boutiques des Arméniens et tendirent vers les enfants amusés les grosses lèvres de leurs museaux dignes ; quand les maçons se reprirent à gâcher du ciment rose en haut des échafaudages, et les commères à babiller en se signant mille fois sur leurs voiles graisseux mais honnêtement croisés ; quand les fonctionnaires du Palais eurent quitté leurs allures d’empressement pour musarder à pas mous le long des colonnades, et se saluer avec des révérences hiérarchiques ; quand les eunuques du Gynécée impérial se furent remis à compter les dépenses avec les billes multicolores de leurs tringles et les jetons d’étain jetés sur les coffres ; quand les esclaves alertes eurent apporté, le surlendemain des noces, les confitures de gingembre et les gâteaux d’anis aux jeunes époux mal éveillés, épuisés encore
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