Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/153

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roïsme naquit soudain, sublime. Il ravala des sanglots ; il se raffermit en selle, et passa fier non loin de trois Cosaques qui s’arrêtaient à vingt pas de la grille, sans permettre à leurs montures d’avancer plus.

Sur le perron, Mme  Héricourt embrassait le général. Rapidement, il boutonnait son carrick à trois pèlerines. Un chapeau de castor ombrait l’énergie d’un regard extraordinaire. Dégageant sa petite figure crispée, il dit :

― Adieu ! J’ai le temps à peine de défiler, si je ne veux pas retourner en Prusse, sous escorte…

Et il enfourcha le cheval qu’un domestique amenait en achevant de boucler la sangle.

― Au trot !… Au revoir… Du courage !

Le fourrier sauta sur un rouan ; et ils éperonnèrent, lancèrent leurs montures à travers le parc pour gagner une porte ouvrant sur la campagne. Au détour de l’avenue, ils s’enfoncèrent entre les ondulations du terrain…

Maman Virginie rentra dans la maison : elle s’appuyait aux murs. Épuisé d’inquiétude, Omer la suivit avec Céline, qui versa du vulnéraire dans l’eau sucrée de la timbale :

― Ils ne te feront pas de mal, petit sot… va… ils ont aussi chez eux des petits garçons !

Bientôt résonnèrent dehors les pas de chevaux nombreux, les cliquetis de sabres et de gourmettes. Un ordre rauque fit arrêter l’escadron dans le parc :

― Pleure plus, mon fieu ! Ils n’ont pas l’air méchant, ― affirma Céline, qui s’approchait de la fenêtre. ― L’officier salue ton parrain ! Et puis voilà l’escadron qui repart… Viens donc ! Ils s’en vont…

Omer reprit courage pour apercevoir les petits chevaux en marche. Ils contournaient déjà le parterre oblong de la cour d’honneur, le bassin du jet d’eau. Leurs cavaliers, au moins, arboraient tous le même