Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/178

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vous pas mon Sosthène ? Vous le voyez d’ici. Il burinait déjà l’histoire… Enfin, nous tombâmes d’accord pour conclure qu’une démonstration royaliste était furieusement nécessaire, si l’on voulait prendre de l’influence sur ce benêt d’Alexandre, et lui abîmer son idéal de perruquier franc-maçon… Sosthène se chargeait d’abattre la statue de la colonne Vendôme, et ses amis d’attacher à la queue de leurs chevaux leurs croix de la Légion d’honneur, puis de paraître ainsi à la rencontre des alliés. Moi, je devais, avec une vingtaine d’autres cavaliers me promener sur les boulevards, la cocarde blanche au chapeau, et enthousiasmer la foule : pénible besogne !… Mais, depuis qu’il avait persuadé Clarke d’oublier au Champ-de-Mars les deux cents pièces de canon qu’on aurait pu mettre en batterie à Montmartre contre les Prussiens, depuis qu’il l’avait obligé à laisser dans les arsenaux les deux cent mille fusils que réclamait la populace impérialiste pour défendre les faubourgs, Sosthène était sûr de son fait.

― Eh bien, il avait tort : sans la fuite du roi Joseph et ces bonnes dispositions de Clarke les alliés auraient pu reprendre le chemin de la Belgique ! ― affirma le comte. ― Je vous l’assure : c’était l’avis d’Alexandre. Il n’avait pas assez de monde pour déloger les soixante-quinze mille hommes qu’on a laissés dans les casernes de la banlieue et dans les postes de la garde nationale… surtout commandés par le duc de Trévise et le duc de Raguse.

― Parbleu !… Or donc, le 30 au matin, nous débouchons, à six gentilshommes, du pont de la Concorde, et… Au trot sur un bataillon de la garde nationale qui traversait la place. Nous crions : « Vive le Roi ! » on répond : « Va cuver ton vin ! » Comme j’ai l’honneur de vous le dire… Premier succès !… Et même le sergent du dernier peloton menace de nous emmener au corps de garde, disant qu’il est immoral d’être ivres