le roi ! » ripostaient, moins nombreuses, les indignations des bourgeois massés vers les boutiques. Mais tout à coup, hurlements, huées et vivats se confondirent en une immense clameur, d’abord confuse, puis répétée : « Vive la garde !… Vive la garde impériale ! » Les héros apparurent, l’arme au bras devant les buffleteries en croix de leurs poitrines. Au rythme de leurs pas, derrière les tambours et les sapeurs, ils marchaient, géants, sous le bonnet à poil, serrés coude contre coude, manche bleue contre manche bleue, cuisse blanche contre cuisse blanche, guêtre noire contre guêtre noire. « Vive la garde impériale ! » Le canon tonna. Les cloches ébranlaient l’air. Et la calèche continua d’avancer dans l’apothéose de cette unique acclamation issue de vingt mille faces en délire.
La France jacobine saluait son élite, et l’œuvre de Valmy, de Jemmapes, d’Austerlitz, de Moscou.
― Regardez !… Regardez comme les grenadiers sourcillent pour que les plaques des bonnets leur tombent sur les yeux et leur cachent le spectacle déshonorant du roi de Coblentz ! ― disait la belle tante Malvina. ― Devant le bataillon… après les tambours… le cheval bai… là : c’est Augustin !
Omer reconnut à peine son oncle Héricourt, l’épée au flanc, la face droite par-dessus la lueur du hausse-col. Il passa. Des grenadiers encore battirent longtemps le pavé de leurs pas :
― Oh ! ce pas, qui a fait trembler les villes des monarchies, et qui maintenant escorte le monarque ramené dans le fourgon de l’étranger ! ― pleura la belle tante.
― Vive la garde ! clamait toujours la foule.
― Plus haut, peuple, crie toujours ! Tu salues les derniers rayons de ta gloire ! ― déclama de nouveau la tante.
Des tambours étouffèrent les clameurs dans leur rou-