Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/236

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui resterait donc. Tout sombrerait de ses convoitises. Pour résister, il ne trouva nulle vigueur.

― Oui, mon père… oui ! ― balbutia-t-il, convaincu qu’il ne pourrait ensuite, le voulût-il, revenir efficacement sur cette promesse : car, derrière le confesseur, l’ordre entier des jésuites saurait agir contre lui, et lui fermer les portes des séminaires.

― Eh bien… le temps n’est pas venu de renoncer… Ces lettres, ― annonça le père, ― vous ne les écrirez pas… Auparavant, nous allons essayer ensemble de gravir les premiers échelons de la grandeur à laquelle vous aspirez…

Omer crut sentir la grâce du seigneur descendre en sa poitrine, qui vibra toute.

― Je vous aiderai… Même, dès cette heure, j’assume la tâche d’accomplir votre vœu… La compagnie de Jésus estime notre temps propice au triomphe d’une foi servie par des caractères. Six ou sept ans la séparent à peine du but qu’elle se propose : Ad majorem dei gloriam… dans tous les collèges, sont arrivés les mandements du P. Général. Ils nous invitent à choisir, parmi nos élèves, ceux issus des meilleures familles, et doués comme il convient. Nous devons les diriger, former une élite de jeunes prêtres courageux, adroits, capables d’aider véritablement à l’unification des monarchies catholiques, par la Sainte-Alliance. Je ne vous cache rien, mon enfant. Le roi nous aime ; la France nous suivra. Et je vous dis : Voulez-vous de mon dévouement, de mon amour spirituel ?… Voulez-vous y répondre par la confiance absolue, par le don de tout votre être ?… Je soutiendrai vos pas… Mon esprit parlera au moyen de votre bouche. Je vous enseignerai l’art de conquérir les cœurs avec des discours… Ce qui vous manque d’expérience et de savoir, je l’aurai pour vous ; ce qui me manque de jeunesse et d’avenir, vous l’aurez pour moi. À quarante-trois ans, quand on a volontai-