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VIII

En août 1820, comme aux étés précédents, deux lettres éplorées avertirent Omer, huit jours avant les vacances, que ni son bisaïeul ni maman Virginie ne pouvaient offrir à leur cher enfant le voyage de Lorraine. Les réparations extrêmement coûteuses et nécessaires au château des ducs, endommagé par l’incendie en 1815, absorbaient encore le principal des revenus. On en était réduit aux économies les plus sévères. Affaibli depuis son typhus de Leipzig, le général Lyrisse ne pouvait même pas songer à prendre sa retraite : il dirigeait les opérations de la remonte pour la cavalerie royale dans les villes de la Loire, afin de toucher la solde entière, dont il envoyait une partie aux entrepreneurs. Les cinq cents francs qu’eût coûtés le déplacement du collégien, on les avait dû verser inopinément, avec d’autres sommes en réserve, pour satisfaire aux réclamations brutales d’un architecte créancier.

C’était le domaine patrimonial d’Omer qu’on garantissait ainsi de la ruine. Il le comprit, se consola facilement de passer les vacances aux Moulins Héricourt, bien qu’Émile de Praxi-Blassans, admis enfin à Saint-Cyr, après deux échecs subis les années précédentes, pût rester seulement quelques jours chez Mme Cavrois, et dût emmener Édouard. Pour se rendre chez eux, les deux frères attendaient le retour dans Paris de