Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/295

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mince épée à la hanche de son frac, un bicorne à cocarde blanche, et une vieille figure édentée à menton fort. La tante le reçut dans le salon. D’abord, il s’excusa beaucoup de sa visite inattendue, s’informa des santés, plus soucieux, semblait-il, de celles-ci que de sa mission. Omer, sur l’ordre de Caroline, ne la quittait pas. Elle protesta que ses hôtes ne tarderaient plus, sans doute, que l’orage avait dû les retenir dans une auberge, qu’ils avaient renvoyé son neveu à mi-route, et qu’il arrivait à l’instant, tout trempé. Le visiteur regarda le jeune garçon, malicieusement. ― à cet âge-là, ― dit-il, ― les enfants ne sont heureux qu’en pension. Ils usent assez mal des loisirs, pendant les vacances. Ils se créent de mauvaises relations. Ah ! Les petites maisons à volets verts !… allons, allons, ne rougissez pas, jeune homme… je vous veux du bien… là !… je n’entends mécontenter personne ici. Il s’assit dans un fauteuil, et croisa ses jambes maigres en bas de soie tendus. ― eh bien, je te donne la permission d’aller lire dans la salle basse, Omer ! Dit la tante. Quand le collégien eut refermé la porte, il s’éloigna quelque peu, mais revint en étouffant son pas, et les écouta causer vivement. ― c’est cinquante électeurs que vous enlèveriez au parti du roi ! ― glapit soudain Caroline. ― tenez, voilà leurs traites, en liasses, avec les exploits des huissiers… dépendent-ils assez de moi ?… et sa majesté n’aimera guère qu’un scandale éclate chez la belle-sœur d’un pair de France, la veuve d’un chef de division aux relations extérieures, la sœur d’un colonel attaché au duc de Raguse. Les nouvellistes diraient que l’esprit jacobin persuade les meilleurs soutiens du trône et de l’autel. D’ailleurs, nous sommes les prêteurs de s. A. Le comte d’Artois… et puis, personne n’est responsable