Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/321

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celles de vieux soldats taillés dans le chêne encore revêtu de lauriers. La fin de ce message était seulement de te dire que tes pauvres mutilés étaient de f… jean-f…, et qu’ailleurs on espère encore le retour de la gloire, dût-il en coûter à chacun un tibia ou un bout d’oreille.

« Je t’embrasse à grands bras. Soigne ton équitation ; et travaille bien. Tu deviendras alors un fils de Marcus Junius, digne de nous délivrer de ce gros Tarquin. G… t’envoie mille compliments. Ne t’étonne pas de l’en-tête commercial qui est sur l’enveloppe. La prudence est mère de la sûreté. Et le vieux galant de la Cayla fait lire les lettres dans son cabinet noir.

« E. L. CARNIQUET ET Cie. »



Esquermes, ce 19 de mars 1821.


« Mon frère,

« Notre mère m’écrit à la fin de me faire assavoir que tu penses encore renoncer à l’état de prêtrise. Cela lui cause beaucoup de chagrin ; celui que je ressens de ce chef est aussi bien ressenti par notre cousine Delphine. Nous sommes désolées. Représente-toi que, pour un garçon de petite naissance, il n’y a que cette sainte mission qui puisse te savonner de la roture. Si Dieu n’avait point voulu me faire la grâce de me destiner à un mariage noble, j’aurais pris le voile, sans hésiter. Comment pourras-tu vivre auprès des Praxi-Blassans et de moi, titrée vicomtesse, si tu ne portes pas cet habit qui exige les marques du respect ? Je ne saurais croire à la fermeté de ta résolution. Notre pauvre mère est bien malade. Voudras-tu l’affliger en te faisant soldat, en un temps où Sa Majesté le Roi Louis XVIII réserve les faveurs, comme il sied, aux per-