Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/374

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accourt de Sicile en Espagne et demande à Wellington un simple commandement de bandes castillanes ou aragonaises : il est éconduit, et retourne. Le comte d’Artois, entré par la Suisse, derrière Schwartzenberg, ne peut arracher aux alliés la permission de résidence à Lyon : il fouette ses chevaux sur la route de Nancy. Je l’apprends ; je le devance chez le gouverneur russe de la place, à qui je montre les documents de nos loges : et le comte d’Artois ne peut entrer dans la ville que sans cortège, à la condition de s’enfermer en son hôtel, sous un nom d’emprunt, de n’y recevoir âme du monde, et de n’en bouger pas…

« Il fallut que l’abbé de Montesquiou achetât très cher Talleyrand et les sénateurs de l’Empire, pour qu’Alexandre se laissât tromper et consentît au retour des Bourbons. Il n’en voulait pas ; il les prétendait trop bêtes pour gouverner la généreuse pensée française : « Ces gens-là exciteront le peuple à la révolution par leur sottise ; et l’Europe sera tout ébranlée de nouveau par la chute de leur trône. » Ainsi parlait Alexandre en 1813, dans la loge de Dresde, aux dignitaires des Illuminés et du Tugend-Bund. Voilà ce qu’il répétait en 1814 chez Mme  de Staël, en annonçant l’abolition du servage dans ses états. C’était un autre Alexandre que celui de Troppau et de Laybach. Il n’était pas alors le vil instrument de ce valet des souverains et des prêtres, de ce Metternich !… Il n’était pas celui que nous avons… condamné…

― On dit, au collège, qu’Alexandre espère arriver plus vite à la fraternité des nations par l’influence du christianisme, qui est tout établi, que par les nouveautés. Catholique, universelle, la religion se propose aussi de réunir les races sous une seule règle et de reconstituer à Rome une Babel où les hommes ne parleraient plus qu’une même langue, le latin des psaumes.

Omer eut l’audace de développer tout le rêve du Père