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XI

À Monsieur Omer Héricourt,
au Château des Ducs.
Varangeville-lez-Nancy.

Département de la Meurthe,


À bord de l’Arétè, en rade de Patras (Morée).
Ce 20 de septembre 1821.


« C’était écrit ! comme disent nos ennemis les Turcs quand on les mène au fût de colonne qui sert ici de billot : je ne t’embrasserai pas, cet été, mon cher conscrit, pour la bonne raison que je vogue entre la côte et les îles grecques, où je distribue quelques sacs d’argent libéral. C’est une commission de ton parrain. Je ne pouvais pas lui refuser de passer l’eau.

« je pense à toi, tout le temps, collégien. Je vis dans la guerre de Troie, que tu traduis sans doute en bâillant sur Homère. Ulysse, en fustanelle crasseuse, me découpe un melon à la pointe du kandjar. Ajax me fait royalement largesse de sa vermine. Agamemnon sue à grosses gouttes dans mon verre de mastic en insultant la politique russe qui enferme dans une forteresse de Bohême notre noble Ypsilanti, le héros de Jassy, parce que ce fourbe de Metternich a montré au tsar Alexandre, dans le cabinet noir de Laybach, les lettres échangées par les hétéries grecques, les ventes d’Italie et les cons-