sues. Un peu plus loin, des camions chargés de pierres de taille défilaient vers les marécages du Cours-la-Reine, où l’on construisait une rue dédiée à François Ier.
Sans trop de satisfaction, Omer fit connaissance de son domestique chauve, glabre, épais et bas sur jambes, qui lui montra la bibliothèque, les volumes latins et grecs, reliés en veau. Il flaira le parfum du vernis frais noircissant le bois des vieux fauteuils rococo, et d’une table ovale fort massive. Présent d’Aurélie, deux coupes d’argent, l’une remplie d’encre, l’autre de sable, brillaient dans une écritoire de thuya. À l’étage, il y avait un aimable salon tendu de damas cramoisi, pourvu d’une ottomane et de carreaux en velours pareil, de rideaux à plis lourds. Des lames de verre, rouges, jaunes, bleues encadraient les vitres dépolies. Une guitare était pendue à un clou. Briséis, à genoux devant le corps de Patrocle, se désolait dans une vaste gravure. Un tapis de soie turc recouvrait le guéridon. Les belles armes envoyées de Grèce par l’oncle Edme rayonnaient sur le mur vers une rondache centrale. Omer pensa qu’il se tiendrait plutôt là, et ne jeta qu’un regard dans le cabinet à coucher où, sur la tapisserie, se répétait à l’infini le médaillon de Poniatowski sautant à cheval dans l’Elster. Des lés de calicot formaient tente au-dessus du lit. Un paravent de percale rose dissimulait un lavabo. Par toute la maison, et un peu au hasard, les lithographies de Carle Vernet, ses chevaux de courses, ses scènes de chasse intéressèrent le jeune homme, entre les portraits de saint Louis de Gonzague, du pape et de saint François, entre les images des cathédrales illustres. Dans le vestibule, une selle neuve, des étrivières et des brides garnissaient en évidence deux tréteaux. À la fenêtre, M. Gagneur indiqua le manège tenu par un garde-du-corps qui attendrait son nouvel élève, chaque matin, dès cinq heures ; puis il dit :
― M. Héricourt devra coucher ici, tous les soirs ; et