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Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/466

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et se soucient peu de subir des insolences. Je ne veux pas, Dieu m’en garde, supposer que ces peccadilles deviennent jamais un obstacle à leur mariage, mon plus cher désir, et celui de mon malheureux frère. Mais que le comte s’aperçoive ou se renseigne… que deviendrons-nous ?

― On pourrait la remettre au couvent, ― proposa Delphine. ― Il est vrai que nos saintes Mères renoncent à la dompter. Elle se rend odieuse. Pour moi, je vous l’assure, maman, si je devais continuer longtemps à subir les avanies qu’elle me fait, je n’hésiterais plus davantage à prendre le voile, quelque douleur que je dusse éprouver à vous quitter.

Là-dessus, Delphine étouffa malaisément de forts sanglots, qui secouaient sa poitrine plate et les os de ses épaules. Aurélie l’embrassa tendrement, calma cette laide grimace pleurante.

Omer se désola. Ces accusations confirmaient trop ses craintes. Tous quatre s’assirent sur un banc de pierre. Émile mit la main dans son habit de lancier, réfléchit :

― mon bon Omer, ― finit-il par dire, ― tu viens de prouver à ta sœur, en briguant le titre de probationnaire, ton souci d’aider à ses ambitions. Tu lui seras moins suspect que tout autre si tu l’exhortes à se défaire de ces graves défauts, dans son intérêt même. Je t’invite à lui répéter les paroles de ma mère, en y ajoutant tout ce que pourra te suggérer ton amitié de frère, et ta raison de chef de famille, puisque tu l’es, en somme. Ajoute que moi-même te charge de cette démarche. Nomme-moi. Je ne doute pas qu’elle ne s’en trouve assez marrie pour accepter tes arguments, puisque Édouard m’écoute souvent. Elle ne l’ignore pas.

Omer ne tarda point. Dès qu’il l’eut seule à seul, il morigéna Denise. Aux premières ripostes de l’arrogante, il s’emporta. Leur père serait-il vaincu dans la