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les sensibles et les volontaires

ford. Ils nous engagèrent aux jeux violents. Le football devient une occupation de nos lycéens. Maintenant, lorsqu’un champion de vélodrome emporte le succès, des fanfares le saluent en sonnant et en battant aux champs, comme à l’aspect du drapeau national ou à la venue du chef de l’État. On a vu la foule furieuse crosser, assommer, piétiner, expulser à coups de poing un monsieur qui jugeait l’hommage excessif.

Nous avons donc rattrapé l’avance des sentiments anglais à l’égard des sports. Les midinettes ont marché sur Nanterre au milieu d’une émeute délirante. Les portraits des lauréates furent instantanément clichés, publiés dans toutes les gazettes populaires. Quel poète, quel inventeur obtient cette distinction ? Le geste viking nous est devenu familier. Mais le principal est-il atteint ? Avons-nous véritablement gagné, à ces jeux, de la volonté efficace, de la volonté qui se traduira par l’expansion coloniale ou par un esprit de risque meilleur dans les affaires commerciales, industrielles, agricoles ?

Il n’y paraît guère. Nos capitalistes demeurent aussi timides. Ils gâchent les plus belles entreprises. Ils conservent la mauvaise habitude de confier l’argent par petits paquets, de le gaspiller en détail, au lieu de vaincre d’un coup avec l’afflux des ressources. Exemple. Depuis des années il est reconnu qu’un chemin de fer devrait être établi pour relier les régions de l’extrême Sud-Oranais au centre de la province algérienne. Il importerait de voter une somme ronde de millions. On ne