Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/187

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189. ` LE sauveur Nom J ’énumerai mes diplômes obtenus dans les concours de boxe, de tir et d’escrime. C’était la de quoi calmor · les époux, les parents. Peu d'entre eux aiment à recevoir un horion, outre l’ennui d’être ridiculisé par leur femme, leur lille, leur sœur. Et les pécores se gardent bien d’étendre le scandale en invitant la jus- tice à vérifier leur agréable infortune. D’ailleurs, la plupart simulent la passion après la défaite de leur vertu. Elles évitent ainsi l’aveu de leur humiliation. Car il est moins pénible d’être tenue pour une créa- ture libertine que pour une pauvre personne dont le passant, à sa guise, bouscule et s’a.pproprie le corps. _ Anne—Marie s’obligeait a me chérir afin de ne pas confesser que sa faute s’était accomplie sans la parti- cipation de l'amour. La romance lui eût trop manqué. Madame Hélène m`accusa de jouer les fanfarons de vicet A me conduire de la sorte, j’eusse évidemment, prétendit—elle, fatigué Vindulgence de mes amis et perdu mes relations. ll n’en est rien. Nami d’inIluence électorale dans les arrondissements de mes ilsines, — puisque les ouvriers et les contremaîtres aehètent les _ poissons des pêcheurs, la farine des meuniers, les œufs, le lait, le beurre des paysans, ·— je suis le gou· verneur d'intérêts trop certains pour n‘être pas redou- table, et, par conséquent, respecté, voire adulé. En outre, je dispcnselargont de notre société connue pour la solidité de son crédit. Je suis tout de même une petite puissance a peu près invulnérable, sauf dans le sein même de notre administration. Pendant que je démontrais cela, la belle veuve accueillait chaque argument comme une injure per- sonnelle. Elle sentit que mon pouvoir restreignait son pouvoir dans l’atmosphère de Keryannic, que moi