Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/200

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IE sEm>Em· moin 195 le fouet à chien, les herbes et les derniers fragments de terre faisaient en bas rejaillir l’eau criblée par leur chute. I — En voila des manières ! pour une jeune per- sonnne qui fait du sport ! — plaisantai—je. Et je relevai la malheureuse, verte comme un ca- davre. Elle chancelait dans la courte jupe rouge que le vent fit,claquer. Une vilaine sueur dégouttait de la mèche dorée sur les yeux caves, sur les joues ren- dues granuleuses par la chair de poule. Les jambes brunes ne se cambrerent nullement lorsque je l’eus plantée debout : elles fléchirent. Alors la petite tour- noya, s’af`faissa... - . , ·- Gilberte! — fit d’en haut sa mère épouvantee. Elle—même chercha le moyen de nous rejoindre. Bientôt elle fut auprès de nous. La petite reprenait ses esprits dans mes bras dont elle s’évada tout de suite, avec une moue fachée. Alors elle fondit en lar- mes, se cacha la tête dans le corsage de la veuve. Une convulsion secoua encore ses poings crispés, replia · brusquement ses coudes. Madame Hélène laissa paraître beaucoup d’ennui. Pourtant je me gardai de lui dire quel danger sa 'tille avait couru, et quel était mon étonnement de ne pas la voir écrasée sur les roches à fleur _d’eau. Chaque fois que Gilberte expliquait les causes de sa frayeur, je les niais par des facéties. Mon calme ' n’était pas pour inspirer des craintes à la mère. Quelle que fût son opinion sur mon défaut de sensi- bilité, certes elle ne soupçonnait pas que j’avais, dix minutes auparavant, sacrifié tout net la vie de cette créature fragile pour sauver ma personne. Par ailleurs,