Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/231

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226î _ LE SERPENT Nom mais il déniait à sa femme le sens de lathérapeutique, tout en lui reconnaissant une mémoire sùre des théo- ~ ries. Ensuite il _affecta de cacher, avec sa main, un bàillement bref, comme si toute discussion lui parais- sait oiseuse, infiniment. Même il se coucha dans le sable, réclama qu’Anne—Marie découpàt le gâteau breton composé de farine, d’œufs et de lait, garni de I raisins secs, et que l’·on nomme un for. ‘ Nous mangeâmes, nous bùmes, nous félicitàmes, notre hôtesse sur la perfection du lunch. Le thé nous réchauffa. Les croquettes au poisson étaient succu· , lentes. Le for méritait qu’on le savouràt. L’alcool de cidre flatta nos palais. Je n’eus pas d’autre occasion, ce jour-la, de me renseigner davantage. A vrai dire, les tactiques du docteur me dérouterent un peu. Quand nous eùmes regagné la voiture dans- les sables ou elle s’étaitenlisée jusqu’aux moyeux, il ne té- moigna guère de politesse envers madame Hélène. Seul de nous,_ il s‘installa sur la banquette du cocher, sa bicyclette devant lui, et dédaigna ce que nous disions dans l’intérieur du véhicule. A la première croisée de chemins, il sauta sur la route ferme, nous salua, en: fourclia sa monture d’acier et s’engagea par une ve- nelle, sous prétexte de visiter une paysanne en cou- · — —ches dans une ferme à l`écart. Sans doute se détiait—il. Sans doute avait—il peur de se trahir encore, et préférait-il fuir. Mais fuyait-il la tentation ou se dérobait—il a notre surveillance? Et s’il fuyait, cela signiüait-il qu’il en était toujours à hésiter devant la faute? Je ne demeurai certain que de ceci : d’une part, M‘“° La Revellière soupçonnait sa hru de le séduire; d’autre part, l\i*“‘* Goulven, bien que très pauvre, très économe, et- très prudente, avait