Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/306

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LE ssnrnivr Nom , 301 pour se grandir dans l’esprit du docteur, en lui mon- trant la vigueur de sa vertu maitresse de l’amour. Chez une « artiste » de cette sorte, la parade pouvait bien avoir été conçue et représentée dans l’intention de nous abasourdir l’un et l’autre par tant de sublimité. Quelques instants, ces inquiétudes me posséderent. — J ugez—vous — déclamait—elle —- que nous soyons les seuls, le docteur et moi, a penser ainsi? Jugez- vous que l’égoïsme des instincts règne exclusivement sur les âmes, comme le rapportent les romans d’au- jourd’hui?... Jugez—vous qu’il ne subsiste plus, sur la terre, d‘esprits assez forts pour soumettre la passion à la droiture?... -— Et la droiture, c‘est de ne pas nous aimer! —— pleurnicha le médecin. — A moins que vous ne vous épousiez, — propo- sai-_]c. · — Plait-il?... J’insistai : — A moins que l\l'“ Goulven ne se résigné au di- vorce. —Jamais! — soupira le docteur. —Elle refusera... Elle m’aime, la pauvre; elle nfainie! — Ou non... Apprécies-tu bien le caractère de ta femme? Es-tu certain qu’elle ne_préférerait_pas,` tout au fond d’elle—même, être libérée pour se consacrer à son dieu? Tu te vantes de lui faire une grande peine. Peut—être demeure—t·elle auprès de toi par de- voir d’épouse chrétienne qui te sait faible, .triste, désolé, exaspéré, honteux devant les minuties de tes travaux, et les déboires matériels. Peut—étre vouer son temps à la prière lui semblerait~il désirable après une longue expérience du mariage, quand les dilïicultég