Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/316

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LE snnrewr mom 311 ni pour la victoire de votre tendresse, mais pour lui, pour qu’il se dégage de ses tourments, et qu’il gagne définitivement la quiétude. - Je ne sais s’il est possible de l`aimer davan- tage. · — Il doit être possibleàun amour fort de s`accroître, de se dépasser. —— Je ne crois pas! —— bégaya la pauvre épouse. — D’ailleurs, je ne comprends pas. — Mais si! — chanta la voix mélodieuse de la veuve. — Mais si! On`peut aimer toujours plus... Et, a son tour, elle rejeta son ombrelle en arrière pour découvrir le sourire de sa face, un sourire de compassion trop spirituelle, de compassion ennemie. Et moi, j’énonçai, sur le ton du théoricien, cette maxime : _· — On peut aimer, par exemple, jusqu’au sacrifice de son amour même... · — C`est trop de subtilité pour moi! — déclara M'°° Goulven, dédaigncuse, et prête à la défensive. Aün de me faire comprendre, je choisis un _ exemple clair. Je _supposai que l’Américaine de théâtre, l’Américaine légendaire, disciple de toutes les sciences et riche à souhait, apprît la découverte du docteur, et qu'elle vînt, par le premier paquebot, _ offrir sa fortune et sa belle jeunesse, afin de porter le nom d’un homme bientôt illustre. Pour assurer à son mari géné, malade, épuisé par des travaux péni- bles, incapable de continuer ses expériences pour lui assurer la fortune, donc le repos, la santé, puis un bonheur de féerie, M“‘° Goulven eût·elle cédé le docteur à l’Américaine de théâtre, en divorçant? ' A -— Voilà, — s’écria madame Hélène, — un cas de