Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/318

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LE senrwr Nom 3l3 des eaux, la perspective de la cité médiévale s’all0n- geait derriere Mm Goulven, encadrée elle-même par l'arcade de l’épaisse maçonnerie. Mince et blème, dans sa courte robe de toile brune fanée, et sous- l’auréole pâle que lui faisait la petite ombrelle, elle ressemblait a une martyre lamentable des vieilles- enluminures, une martyre inconnue pour la foule aux hennins branlants, aux cotillons troussés, aux sabots claquants, aux tabliers de couleur. — Tu l’aimes pour toi, non pour lui! — répétait. la cousine,` avec tristesse maintenant, avec des mots presque sanglotants. —Tu choisirais de conserver ton mari aupres de toi, dût-il indéüniment souffrir, plutôt que de l’affranchir du malheur, en divor· . çant. — Car l'an1our n’est qu’un égoïsme, — ajoutai-je, — un besoin d’asservir et d’absorber toute la vie- d’un être jusqu’à la mort... — Il y a la vie de l’âme!... Le divorce est condamné par l’Église... · -— Mais il y aurait le sûr pardon de la miséricorde divine, —répliquai-je, -— le péché étant commis pour sauver les millions de vies que la thérapeutique arra- cherait, dans l’avenir, au typhus, si le moyen était olfert au docteur de poursuivre ses expériences avec- le secours d’une grande fortune... Et la charité n’est· elle pas la première des vertus théologales?... -—— Tu l’as dit tout ‘à l’heure, Yvonne, tu l’as dit! I — rappela l’amante, opiniâtre. · — Je l’ai dit, en effet, — confessa l'épouse. — Il serait difûcile aux théologiens de soutenir que le Ciel condamnerait celui qui desobéirait à l`Église, en divorçant, en abdiquant son bonheur, pour sauver ' 18