Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/59

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54 LE ssnrnwr Nom l sante. L’autre secouait la tète par—dessus les plis de son petitchâle à franges. Ses mains gantées de gris maintenaient le parapluie contre la rafale pour défendre la coiffe à jours, les bandeaux pommadés, le splendide tablier de lampas prune. Donc nous ne pûmes contempler la procession nocturne, pour laquelle nous étions tous là. Nous nous bornâmes à visiter encore une fois la basi- lique. Les foules s'y pressaient tant que le docteur put murmurer à madame Hélène : s ——- Voyez, il y a plus de tétes vivantes que de pierres immobiles dans cet édifice. Ces gens ne sont·ils pas comme celui dont le Christ a dit 1 « Tu es pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon église »?... Et voyez encore ces attitudes d'0rient, ces femmes de Pontivy assises à terre, leurs fronts chargés de tiares assy— 4 riennes 2 leurs mains tâtent le chapelet avec le geste fatalîste des musulmans Iaccroupis sur le sol de la mosquée. J’ai longtemps admiré cette attitude et ce ' geste à Beyrouth... Sans me rendre bien compte, j’ouïs que la voix de madame Hélène se faisait; pour lui répondre, _plus melodieuse et plus tendre. .l’eus le premier soupçon d’une intimité secrète, peut·être dangereuse, entre eux. D’allleurs Goulven avait parlé tiévreusement, plus fiévreusement que ne l’exigeait la matiere assez banale de ses remarques. Je me dis que les mots n’étaient pas en rapport avec le sens des intlexions, sûrement voulues. Ce ne fut qu’un instant de sagacité. Aussitôt je_me persuadai que le veston défraîchi et les manchettes eftilochée de mon ami _Goulven ne pou- vaient convenir à l’élégance de sa parente, et qu’un homme de son espece ne songeait guère à tromper sa