Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/60

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LE SERPENT_ Nom 55 femme. D’autant que M"·°- Goulven n’était point dif- ‘ forme, ni laide, mais un peu sévère d’aspect, un peu terne de peau, un peu neutre de manières. Mon im- pression calomnieuse ne persista point. De l’incident, je tirai cette conclusion simple : une jolie créature, avec une voix si mélodieuse, devait certainement ché- rir les exercices de la volupté. Je me prescrivis de lui faire la cour, à tout hasard, n`en dût—il résulter que d'être son ami, et d`obtenir, par la, mes entrées dans son monde. Une photographie de vieille personne étendue sur son lit de mort décorait ma chambre. Je me désha- billai, substituant a ce fâcheux emblème, dans mon _ esprit, l’image précieuse et riante de madame Hélène. En dépit de mon souhait, le sommeil n’évoq11a point ` ses charmes. Je dormissans reve, comme d`habi- tude. Le lendemain, au réveil, je proütai d'une lucidité parfaite pour me convaincre que les expériences du docteur et les mérites de cette belle dame justitïaient le voyage de Belle-Isle. Quand je l’eus rejointe a table, _l’éclat délicieux de sa ügure accorte, la joie de ses yeux clairs, l’aisance harmonieuse de ses gestes, les malices dont elle moqua mes manies de gourmand, tout acheva de me déterminer. J’avisai Goulven de mon intention. Je ne croyais pas inutile, en vérité, un séjour a Keryannic. Cela me permettrait de fournir a ma Compagnie une note pré- cise, complète, sur le sérum du typhus. Le morne visage de M"? Goulven s’illumina. Prête à communier, ` elle ne mangeait pas. Elle voulut savoir le jour, l‘heure de mon départ. Madame Hélène exagéra presque