Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/100

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« À nous quatre, me dit-il, nous pourrons recréer une Renaissance. »

M. de Ronchaud me parla longuement de Mme d’Agoult, ayant été le confident de sa liaison avec Liszt et étant resté l’ami des deux après la rupture.

« Les passions entre gens supérieurs, m’affirma M. de Ronchaud, ne peuvent être durables, car c’est une perpétuelle lutte de domination chez tous deux.

Il me dit combien les deux filles de Mme d’Agoult, Cosima de Bulow et Blandine Ollivier, sont belles et intelligentes, et leurs deux maris, Hans de Bulow et Émile Ollivier, des hommes exceptionnels.

Mais alors, répondis-je, vous devez être inquiet de la durée de leurs affections réciproques, avec votre théorie de la fragilité des passions entre gens supérieurs ?

— Aucun des quatre, répliqua-t-il, n’est de taille à se mesurer avec Liszt et avec Mme d’Agoult. Leur fils à tous deux, Daniel Liszt, oui, celui-là peut devenir leur égal. Il a une puissance de travail prodigieuse et il est déjà, comme son père, irrésistible.

— Liszt était-il donc un séducteur tel qu’on l’a si souvent peint ? demandai-je.

— Lorsque vous connaîtrez Mme d’Agoult, me dit M. de Ronchaud, que vous aurez jugé cet esprit sage, pondéré, plutôt porté à l’analyse, à la critique, vous comprendrez la fascination