Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/106

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citait, qui paraissaient plus cruels détachés de ses pages d’un style achevé, élégant, de belle et vaillante allure. Distingué de sa personne, inébranlablement attaché à ses principes, ami très dévoué, on l’estimait, on le recherchait, et on le craignait un peu. Des portraits politiques de lui eurent à leur heure un très grand succès.

Edouard Grenier, le délicat poète, le républicain convaincu, le plus fidèle ami de Lamartine, était aussi un fidèle de Mme d’Agoult. On l’appelait la « chronique vivante » ; il savait tout et toutes choses ; il avait tout vu et tout lu, et il contait adorablement, donnant à ses auditeurs le sens exact des petits faits et des grands événements, à ce point qu’Edmond Texier disait : « Tout jugement et tout fait qui n’ont pas passé par la bouche d’Edouard Grenier n’ont pas conquis leur notoriété parisienne et n’ont pas leur proportionnalité. »

Edouard Grenier, quoique lié avec tous les hommes de 1848, était éclectique. Il aimait en même temps Prosper Mérimée, l’impérialiste, et Auguste Barbier, le chantre des Iambes, de la terrible satire : « Ô Corse à cheveux plats. »

Je ne sais personne ayant connu Edouard Grenier qui n’ait pensé de lui : « Il est adorable, exquis, c’est le plus sûr et le plus noble des hommes. » Chez Mme d’Agoult nous disions : « Notre cher Ronchaud, notre cher Grenier. »

Grenier, de Ronchaud, Tribert, quand ce dernier ne faisait pas un grand voyage, étaient