Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/107

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tous trois les piliers du salon de Mme  d’Agoult ; ils y donnaient ce caractère de solidité morale qui contrastait singulièrement avec les salons à la mode, ces salons de l’Empire si futiles où toute chose sérieuse passait pour « embêtante », mot d’argot dont on commençait à abuser.

Vacherot, Renan, venaient fréquemment chez Mme  d’Agoult ; Renan y déployait un art de la conversation égal à son art d’écrire.

On pouvait, chez Daniel Stern, s’adosser à la cheminée, disait Edmond Texier, y conduire une conversation et une discussion qui devenaient générales et étaient de véritables cours de politique ou de littérature.

Ce que j’ai appris chez Mme  d’Agoult, ce que les jeunes comme moi y ont récolté et recueilli, aucun de nous n’a pu l’oublier.

Vacherot, qui avait refusé de prêter serment à l’Empire en 1852 comme maître de conférences et directeur des études à l’Ecole normale, l’auteur de l’Histoire critique de l’Ecole d’Alexandrie, homme de grand savoir, d’esprit très libre, de nature irritée, avec ses réflexions amères et pessimistes, donnait sa note toujours personnelle dans ces assauts d’intelligences supérieures.

Souvent Mme  d’Agoult lisait une lettre d’un grand révolutionnaire étranger, de Mazzini, de Kossuth. D’autres fois, Louis Blanc, Ledru-Rollin, Schœlcher, Edgar Quinet, Ghallemel-Lacour,lui adressaient sur une question poli-