Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/117

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jours avec une personne choisie, ne cherchait pas l’occasion de soutenir son opinion ancienne ou d’indiquer la nouvelle. Quoiqu’elle continuât à témoigner aux abstentionnistes beaucoup d’amitié, on se disait que, peut-être, conseillant volontiers l’action, elle eût été au soleil levant sans la crainte d’être à la remorque de son gendre, Émile Ollivier, et confondue avec la cohorte bruyante des « petits Olliviers ».

Elle fut, cependant, assez vite forcée de choisir entre ses vieux et ses nouveaux amis, les abstentionnistes fréquentant moins chez elle à mesure que les sermentistes y venaient davantage. Depuis la mort de Cavaignac, en partie causée, prétendaient ses intimes, par le chagrin de voir les compromissions, selon lui désespérantes, acceptées des jeunes républicains, qui rejetaient ainsi les vieux dans l’impuissance ; depuis cette mort, le parti républicain était pour ainsi dire décapité.

Non seulement les jeunes se ralliaient aux sermentistes, vainqueurs des abstentionnistes, mais ils prenaient à parti les exilés, sacro-saints jusque-là. Ils avaient commencé à propos de l’Histoire de mes Idées, d’Edgar Quinet, et étaient allés répétant : « La sincérité à ce degré frise la sénilité, et jamais un « jeune » n’aurait écrit cela. » Les belles pages, cependant, abondaient dans ce livre, d’une grande éloquence et d’une rare hauteur morale.